Pas de salamalecs chez les couscous-jambons

 

Anne Depétrini et Ramzy Bedia
Anne Depétrini et Ramzy Bedia © Thomas Laisné

Problèmes de charcuterie chez les couples mixtes, clichés racistes du couscous Garbit, culture du mensonge et embrouilles de shopping… Anne Depétrini et Ramzy Bédia racontent la vie quotidienne d’un foyer franco-arabe du showbiz. Une interview au bord des tripes.

Anne et Ramzy, la charcuterie c’est un problème pour les couples franco-arabes ?
Anne : Oui. C’est la limite infranchissable pour eux, l’un des derniers symboles qui les raccroche à l’islam, alors que l’alcool est plus toléré.
Ramzy : Si je ne mange pas de porc, ce n’est pas par rapport à l’islam, c’est une manière de respecter ma culture et mes parents. Quand on dit d’un rebeu « il mange du porc », pour nous ça veut juste dire qu’il s’est éloigné de notre culture. En revanche, ça ne veut pas dire que c’est un con.

Dans votre dernier film «Halal Police d’Etat», on voit pourtant une Algérienne renifler du saucisson…
Ramzy : Pour ça, nous les rebeus sommes tous pareils. Quand on est tout seul, on compare notre saucisson cacher qui copie votre beau saucisson où il y a du blanc et tout. Ça a l’air bon ! Moi j’en ai mangé toute mon enfance, parce que j’étais dans une école catholique. Je récitais le « je vous salue Marie » comme tout le monde à la cantine. Et je me rappelle très bien de la première fois où la dame est passée avec du jambon. J’ai dit : « Madame je ne mange pas de porc ». Elle m’a mis une claque et m’a dit : « Hey ! Tu vas pas faire comme les musulmans là ! ». Et j’ai mangé du porc. Ensuite, adulte, ça a été une décision personnelle. Si je mange du cochon à table, je sais que ça ne posera pas de problème, que je ne vais pas exploser… Mais je ne me sentirais pas fier.

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Entretien : Laure Michel