Quand France Inter nous prend pour des concombres

Depuis le scandale de la viande de cheval, Patrick Cohen voit des végétariens partout

Deux millions de végétariens et une restauratrice qui se prend pour une plante ? C’était la drôle de salade servie hier sur France Inter pour nous expliquer les suites de l’affaire Findus…

Est-ce un effet des célèbres lasagnes à la viande de cheval ou de son prochain direct de Lundi depuis Bordeaux, la capitale du Pommerol et des Cannelés ? Toujours est-il qu’hier matin – entre 7h15 et 7h20 – France Inter nous a servi sur un plateau le plus épouvantable magret de bobards qu’on ait jamais dégusté sur une radio du service public…

Les accrocs du boulgour

Au menu du jour ? « La tentation végétarienne », un joli marronnier d’après-coup monté façon reportage, où l’on apprenait qu’entre 1 et 2 millions de personnes en France auraient peut-être basculé dans « le végétarisme » après le scandale des plats cuisinés Findus. De quelles salades sortaient ces deux millions de végétariens ? Mystères et soupes de navets ! D’ailleurs, ni le sympathique Patrick Cohen, présentateur de la matinale, ni son confrère Yann Gallic, auteur de l’enquête, ne semblaient avoir vraiment de sources à donner dans ce recensement minute des végétariens de France. Peut-être devaient-ils maintenir leurs infos confidentielles… Puisqu’en milieu de reportage on apprenait – toujours de la bouche de Patrick Cohen – que finalement « le phénomène reste encore marginal en France ». Forcément, deux millions c’est marginal ! Ce qui l’était moins, c’était l’ambiance de frichti conceptuel qui régnait à l’antenne autour des différentes formes de végétarisme (bio, véganisme, etc). Comme si les accrocs du boulgour qui refusent toute nourriture animale, même les produits laitiers, parce qu’issus d’une espèce vivante, étaient à mettre dans le même sac que les amateurs de burgers au tofu qui cherchent à lever le pied sur la Côte de bœuf… Franchement, les gars !

Flagrants délires

A leur décharge, il faut dire que ces différences tribales entre suceurs de radis ont toujours été particulièrement épuisantes. Ainsi vers 7h17 du matin, une restauratrice « vegan » à Paris confiait à l’antenne se sentir comme « une femme 100% végétale », parce qu’elle avait aussi arrêté les produits ménagers et les crèmes de soins par respect pour nos amis les bêtes… Ce n’était plus « France Inter, Ecoutez la différence » mais du Morandini vintage période « Tout est possible ! ». Et franchement, c’était beau d’entendre ces deux grands pros (Cohen a été grand reporter en Guyanne, Gallic a couvert la tuerie d’Utoya en Norvège) relancer le « Tribunal des flagrants délires »* mais avec des voix de profs d’allemand à Louis Le Grand (Paris 5è). Pour un peu, il ne manquait plus que ce grand cornichon mou d’Aymeric Caron – vous savez, le sous-Pulvar poilu (« On n’est pas couchés » sur France 2) qui vient de publier « No Steak » (Fayard) – pour nous expliquer que la viande sans viande, c’est encore plus fort que le Tournedos Rossini. Et on était bons pour le gratin de courges à l’année… La vache !

*L’émission culte de France Inter au début des années 80

Olivier Malnuit